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Le nécessaire seul est nécessaire, telle sera désormais la devise du globe terrestre. (c)

  • Photo du rédacteur: Rufina Muraviova
    Rufina Muraviova
  • 14 sept.
  • 2 min de lecture

« De quelle origine êtes-vous ? »- C'est une question que l'on me pose souvent.


-Il existe une telle planète : Rufina. Elle est apparue sous l'étoile de Dostoïevski et sous l'étoile du théâtre. La planète Rufina évolue selon un axe qui lui est obscur. Elle n'a pas de nationalité spécifique. Très sensible à la méchanceté, elle est souvent vulnérable. Elle est facilement sujette aux changements, mais retrouve toujours sa forme spirituelle naturelle.

Dans son système, chaque membre de la société a l'œil sur autrui, et la délation est un devoir. Chacun appartient à tous, et tous à chacun. Tous sont esclaves et égaux dans l'esclavage. La calomnie et l'assassinat dans les cas extrêmes, mais surtout l'égalité. D'abord abaisser le niveau de la culture des sciences et des talents. Un niveau scientifique élevé n'est accessible qu'aux intelligences supérieures, et il ne faut pas d'intelligences supérieures ! Les hommes doués de hautes facultés se sont toujours emparés du pouvoir, et ont été des despotes. Ils ne peuvent pas ne pas être des despotes, et ils ont toujours fait plus de mal que de bien ; on les expulse ou on les livre au supplice. Couper la langue à Cicéron, crever les yeux à Copernic, lapider Shakespeare, voilà le chigalévisme ! Des esclaves doivent être égaux ; sans despotisme il n'y a encore eu ni liberté ni égalité, mais dans un troupeau doit régner l'égalité, et voilà le chigalévisme ! Ha, ha, ha ! vous trouvez cela drôle ? Je suis pour le chigalévisme. [...] À bas l'instruction et la science ! Il y en a assez comme cela pour un millier d'années ; mais il faut organiser l'obéissance, c'est la seule chose qui fasse défaut dans le monde. La soif de l'étude est une soif aristocratique. Avec la famille ou l'auteur apparaît le désir de la propriété. Nous tuerons ce désir : nous favoriserons l'ivrognerie, les cancans, la délation ; nous propagerons une débauche sans précédents, nous étoufferons les génies dans leur berceau. Réduction de tout au même dénominateur, égalité complète. « Nous avons appris un métier et nous sommes d'honnêtes gens, il ne nous faut rien d'autre », voilà la réponse qu'ont faites dernièrement les ouvriers anglais. Le nécessaire seul est nécessaire, telle sera désormais la devise du globe terrestre. Mais il faut aussi des convulsions ; nous pourvoirons à cela, nous autres gouvernants. Les esclaves doivent avoir des chefs. Obéissance complète, impersonnalité complète, mais, une fois tous les trente ans, Chigaleff donnera le signal des convulsions, et tous se mettront subitement à se manger les uns les autres, jusqu'à un certain point toutefois, à seule fin de ne pas s'ennuyer. L'ennui est une sensation aristocratique ; dans le chigalévisme il n'y aura pas de désirs. Nous nous réserverons le désir et la souffrance, les esclaves auront le chigalévisme. (c) Les Démons (Les Possédés) Fiodor Dostoïevski (publié en feuilleton à partir de 1871 jusqu'en 1872 dans Le Messager russe, et dont la composition débuta en 1869)

Démons, F.M. Dostoïevski / Théâtre Maly (Maly Drama Théâtre ; Drapeau de la Russie Russie, Saint-Pétersbourg)

(Dans les dernières années du 20e siècle j'ai assisté à ce spectacle deux fois. - Rufina)

Бесы Ф.М. Достоевский Малый театр / Démons, F.M. Dostoïevski / Théâtre Maly / Saint Petersbourg

Fin. Rien de plus.

 
 
 

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